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Lecture : Le management interculturel

Lecture : Le management interculturel, Sylvie Chevrier, PUF "Que sais-je?", 2003-2006

Deux entreprises de deux pays différents fusionnent. Une filiale française importe un outil de gestion développé aux États-Unis. Des chercheurs travaillent ensemble au sein d'un consortium européen. Avec la mondialisation, les confrontations des cultures dans le milieu professionnel se multiplient, rendant nécessaire une approche interculturelle du management. Cet ouvrage montre comment le management, au moins au plan théorique - reste à voir dans l'enseignement et dans les pratiques - a progressivement pris en compte la diversité des cultures et dresse un panorama des manières concrètes d'organiser leur rencontre dans le monde de l'entreprise qui évolue désormais dans un environnement multiculturel.

Question 1 : peut-on séparer le management interculturel du management linguistique? La réponse est non, voir pp. 22-23 (ci-dessous)

Question 2 : de quelle compétence a-t-on besoin? Le globish fait-il l'affaire? La réponse est que c'est la langue de culture qui est importante et non la langue de service ou la langue outil telle que le globish. Avec la globish, ou l'anglais international en vigueur, vous commandez un café, réserver votre chambre d'hôtel, etc. et c'est tout. La réponse se déduit des pp. 22-23

Question 3 : de quel niveau de compétence a t-on besoin dans la langue de culture? La compétence en langue en tant que langue de culture, ne nécessite pas le niveau C1 ou C2, et commence dès le niveau A1. Après, c'est affaire de contexte. La réponse n'est pas pp. 22-23, c'est l'OEP qui la donne.

Question subsidiaire : quelle langue apprenons-nous à l'école, au collège, au lycée, dans l'enseignement supérieur et dans les stages de formation en langue? Le CECR (Cadre Européen Commun de Référence pour les langues), vise-t-il la langue outil ou la langue de culture, ou beaucoup de langue outil et un peu de langue de culture? Ça dépend, direz-vous? En tout cas, cette question, c'est l'OEP qui la pose.

Nota : la langue de culture n'est pas la langue de l'élite, ni un haut niveau en langue, c'est simplement une langue qui incorpore le sens, de nos actes, de nos institutions, des événements, etc., en somme, de la culture.

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pp. 22-23 

De manière générale, un système de significations repose sur des catégories qui, loin d'être des images fidèles des objets du monde dont les contours seraient naturellement définis, ordonnent un univers indistinct. La langue constitue l'instrument majeur de cet ordonnancement propre à chaque culture ; nommer n'est pas reproduire une réalité mais la classer. Dans cette perspective, l'hypothèse « Sapir-Whorf », du nom de deux linguistes, pose que les langues influencent les conceptions de la réalité de chaque communauté. En proposant un découpage particulier de la réalité, une langue véhicule une vision du monde. De même, on ne peut pas penser une chose si l'on ne dispose pas de mots pour la nommer. Or chaque langue possède des mots intraduisibles* qui ne prennent sens que dans un contexte culturel précis. Par exemple, le terme Giri en japonais que l'on traduit approximativement par « dette » renvoie aux obligations que l'on contracte au cours d'une vie et dont on doit s'acquitter. C'est un concept qui ne prend sens que dans un univers qui conçoit les relations humaines comme un système particulier de dons et contre-dons. Même lorsque des mots possèdent des équivalents linguistiques dans d'autres langues, la traduction littérale ne rend pas nécessairement compte du sens originel. En effet, un terme ne prend finalement sens qu'au sein d'un système. De même, une catégorie conceptuelle ne se définit qu'en relations avec les autres. Des termes réputés équivalents dans plusieurs langues ne renvoient pas aux mêmes conceptions parce qu'ils s'inscrivent dans des systèmes de sens différents. Ainsi en est-il de l'honneur dans les contextes d'interprétation français, espagnol ou kabyle'. Dès lors, appréhender une culture revient pour l'anthropologie des systèmes symboliques à mettre en lumière les conceptions du monde qu'elle véhicule à travers l'étude des discours de ses membres.


1. Voir Ph. d'Iribarne, La logique de l'honneur, Paris, Le Seuil, 1989 ; J. Pitt-Rivers, Anthropologie de l'honneur. La mésaventure de Sichem, Paris, Hachette, 1997 ; P. Bourdieu, Trois études d'ethnologie kabyle, Paris, Le Seuil, coll. « Essais », 2000.

* Note de l'OEP : voir le Vocabulaire européen des philosophes, dictionnaire des intraduisibles .