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Appel à contributions : Altera lingua ou la construction sociale de l’altérité linguistique

Date limite de réception des contributions : 30 septembre 2021
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Date de parution : juillet 2022

Numéro coordonné par Elatiana Razafimandimbimanana, Gail Prasad

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English version

Argumentaire

Les discours, récits, imaginaires et tensions au sujet de l'alterité cristallisent les préoccupations d’une grande partie des "collectivités historiques" (Schnapper, 1998) et, en miroir de cela, les chercheur.e.s en sciences sociales (Jodelet, 2005 : 24) y consacrent tout un empan de concepts[ 1 ]. La prise en compte de l’altérité sociale semble même être au fondement de la science dite engagée, activiste ou transformative [ 2] (Schneidewind et al., 2016 : 6). La question de l’altérité nous situe ainsi à la croisée de la critique scientifique et de l’agir social. Qu’en est-il plus spécifiquement de l’altérité linguistique ?
Cet appel propose l’expression altera lingua pour désigner la multitude des phénomènes de « mise en altérité » (Jodelet, 2005 : 23 ; 1989) à travers lesquels la langue [ 3], les langues et leurs variations peuvent être mobilisées, instrumentalisées, institutionnalisées, sacralisées, interdites. À travers cette expression peu usitée, le motif est aussi de :

  • susciter un temps d’arrêt, un questionnement sur ses propres certitudes (représentations, catégorisations, imaginaires) qui peut favoriser la rencontre avec l’autre ;
  • permettre des postures intellectuelles humbles [ 4] au sens de pensées nuancées par la reconnaissance et l’écoute d’expériences altéritaires (Levinas, 1976 ; Lamarre, 2006) ;
  • proposer aux contributeur·rice·s un espace sémantique relativement ouvert dans la mesure où l’expression altera lingua est moins documentée par rapport à d’autres, telle que l’altérité linguistique (cf. Busch, 2017 ; Choi & Slaughter, 2021 ; Farmer & Prasad, 2014 ; Goï, 2013 ; Goï et al. 2014 ; Prasad, 2017 ; Purkarthofer, 2018).

Chaque auteur·e pourra diversement s’en saisir pour narrer, interroger, analyser autrement la question de l’altérité linguistique.
Le point de départ de cet appel pourrait se formuler comme suit : « L’altérité se construit plus qu’elle ne se découvre » (Baudrillard & Guillaume, 1994 : 52). Qu’il s’agisse de prendre en compte la portée des mots lorsqu’ils sont reçus comme des assignations [5 ] à être « l’autre », d’interroger la place des langues dans la construction de l’altérité en société ou encore d’étudier les représentations sociales des langues qui découlent d’idéologies altéritaires, il est effectivement admis que l’altérité n’est pas un allant de soi. Elle est plutôt à concevoir en tant que produit d’une construction sociale (Berger et Luckmann, 1966).
Partant de là, l’objectif est d’adopter une approche sociale des langues (ex. Labov, 1976 ; Boutet, 1980 ; Gee, 1996 ; Halliday, 1997 ; Calvet, 2013 ; Street 1984, 2011, 2013) et de prendre position en tant que chercheur·e·s et êtres « langagier·ère·s » (Flores, 2013). Nous situons-nous dans une ère post-multilingue (Wei, 2016) et quelles en seraient les incidences sur nous et nos expériences plurilingues ? Quels récits (scientifiques, historiques, politiques, institutionnels, etc.) sur « l’autre » nous dérangent ? Que nous inspire l’amplification récente [ 6] de mouvements tels que la « dé-binarisation », la « décolonialisation », la « dé-racialisation », « l’écriture inclusive », la culture « woke » ou encore l’« intersectionnalité » ? La discrimination sur la base de traits langagiers est à la fois un fait connu (« linguicisme », Skutnabb-Kangas, 1986), ordinaire (« glottophobie », Blanchet, 2016) et insidieux (« micro-agressions linguistiques », Razafimandimbimanana et Wacalie, 2019 et 2020). Que peuvent y faire des chercheur·e·s engagé·e·s ?

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