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Mais non ! L'anglais n'est pas partout. Hablas italiano ?

Voici une chronique qui ne manque pas de piquant et d'humour!

Eh! oui! Le bombardement médiatique pour le tout-anglais ressemble à un vrai bombardement! Et si nous  regardions le monde! A lire...à la source ou ci-dessous.

Hablas italiano? 
Marie-Claude Lortie
La Presse
Vous voulez savoir c'est quand la fois où j'ai eu l'air le plus ridicule en reportage à l'étranger? C'est quand j'ai cru qu'on peut se débrouiller partout en Europe en parlant anglais. 
En partant en reportage en Italie et en Espagne au début de l'été dernier, je n'ai même pas songé une seconde à la nécessité d'embaucher des interprètes. «Voyons donc, tout le monde parle anglais en Europe! Et après tout, n'ai-je pas étudié l'espagnol et l'italien? Je vais m'arranger. Tout va bien aller.»
Me semble. 
La réalité, c'est qu'il y a plein de gens sur Terre qui ne parlent pas un traître mot d'anglais. Je l'ai vu au Japon, en Russie, en Albanie, au Brésil. Et en Espagne et en Italie, cette année, en 2006. Même les attachés de presse n'y parlent ni la langue de José Bové ni celle d'Alice Waters. 
Qu'à cela ne tienne, me suis-je dit promptement en réalisant la présence de l'obstacle, je vais me débrouiller.
Mais avez-vous déjà essayé de jongler avec l'italien et l'espagnol en même temps? 
Euh... Puedo parlare. Non (toujours un peu de français mêlé à tout ça). Posso parlare con el, no il, signore X. Sono una giornalista, si una periodista... Grazie, perdone, muchas gracias...
J'ai mal à la tête juste de vous l'écrire et je suis certaine que j'ai fait plein de fautes d'orthographe et de grammaire. 
Pourquoi je vous raconte tout ça? Pour exorciser l'embarras, j'imagine.
Mais aussi pour rappeler à tout le monde que ce n'est pas vrai que l'anglais est devenu la lingua franca des temps modernes. Peut-être dans le monde des affaires. Mais dès qu'on en sort, oubliez ça. Et pas besoin d'aller en Afghanistan ou en Corée du Nord pour tomber sur des gens qui ne parlent pas un mot de la langue de Paris Hilton.
En Espagne et en Italie, pour bien travailler, il faut parler la langue du pays. Ou alors embaucher un interprète, avec les limites que cela impose. 
À Naples, par exemple, pas un seul membre de Slow Food Campanie ne parlait anglais ou français. Les producteurs? Les marchands? Les chefs?
Oubliez ça. En Espagne, même topo. À Madrid, je n'ai pas prononcé un seul mot d'anglais dans toutes mes entrevues. Finalement, d'ailleurs, j'ai embauché une interprète. Une chance, parce que quand j'ai essayé d'acheter de l'huile d'olive toute seule, le vendeur s'est mis à rire.
Il pensait que je voulais de l'huile qui goûtait le gazon.