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Evolution de la langue française : « Un langage qui se déstructure, c’est une pensée qui s’amollit » (Jean-Michel Delacomptée)

Le Monde - Publié Le 16.03.2018 à 15h23 Par Laurent Carpentier - L’écrivain Jean-Michel Delacomptée. PATRICE NORMAND/OPALE/LEEMAGE
Avec « Notre langue française », paru chez Fayard, l’écrivain Jean-Michel Delacomptée signe un essai aux allures de manifeste.
« L’inquiétude de la langue, elle me tient depuis toujours », explique Jean-Michel Delacomptée en tirant sur sa bouffarde. Le gamin de Sartrouville, en banlieue parisienne, un brin voyou, viré du lycée avant d’être envoyé en pension faire ses humanités, est devenu un avocat intraitable de l’orthographe et de la syntaxe. Vingt ans dans la diplomatie culturelle (prof au Japon, au Laos, en Cisjordanie), puis enseignant à l’université Paris-VIII, à Saint-Denis, l’écrivain signe aujourd’hui, à 69 ans, un essai aux allures de manifeste : Notre langue française (Fayard, 220 p., 18 €).

Dans votre livre, vous expliquez qu’il n’y a pas « une » mais « des » langues françaises. Vous en nommez sept. La plus précieuse à vos yeux, c’est ce que vous appelez la « haute langue » ?

C’est la langue de la littérature. La langue écrite de haut vol, exigeante, tenue, qui rend compte de la complexité du monde. Si un type comme de Gaulle n’avait pas eu une telle conscience de la grandeur de la langue, je ne suis pas sûr qu’il aurait pu tenir le discours du 18 juin, ni qu’il aurait été écouté. Une langue, c’est une énergie. Et la nôtre se dévitalise. Comme la poésie, dont elle est l’organe, son destin est celui de la marginalisation. Aujourd’hui, un roman où les phrases dépassent quatre mots, on le dit incompréhensible. Ainsi, elle se déstructure, s’appauvrit.
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