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Les Etats-Unis sortiront-ils un jour de leur vase clos culturel ? (géopolitique - Yves Montenay)

Nous nous permettons d'adapter le titre d'un excellent article d'Yves Montenay "Une guerre entre les États-Unis et l’Iran ?" (datant du 5 juillet 2019), car nous visons la géolinguistique plutôt que la géopolitique stricto sensu.

Voici une extrait qui nous touche particulièrement :

"...En effet, les Américains n’ont pas brillé sur le terrain en Irak ou en Afghanistan, bien qu’ils aient plutôt été bien accueillis au départ par une partie de la population soulagée du départ de Saddam ou des talibans.

Il y a de multiples raisons à cela mais je voudrais insister sur une rarement citée : le vase clos culturel. Combien de militaires de haut ou moyen rang avaient une connaissance de l’histoire de ces pays et notamment des racines de l’antiaméricanisme ? Du troufion de base au général, combien avaient une connaissance de l’islam local (ou plutôt des islam locaux) ? Combien avaient une connaissance de l’arabe, sans parler des langues locales comme le kurde et les diverses langues de l’Afghanistan ?

Il a fallu paraît-il deux ans pour qu’arrive aux fantassins américains en Irak un petit carnet expliquant comment dire en arabe « haut les mains » et autres expressions basiques. Consciemment ou inconsciemment beaucoup d’Américains imaginent que tout le monde parle anglais. Et du coup n’apprennent plus les langues étrangères.

Ce faisant, ils se mettent entre les mains d’interprètes ou d’affairistes. Or les interprètes peuvent trahir soit par conviction personnelle, politique, patriotique ou religieuse, soit parce que l’adversaire menace sa famille. Quant aux affairistes, ce qui les intéresse c’est l’argent ou le matériel de l’armée américaine, ou encore de mener au pouvoir tel groupe, ce qui n’est pas forcément souhaité par la population, ce qui se retourne contre les Américains."

...

"D’abord les deux alliés des États-Unis au Moyen-Orient sont des boutefeux et ont vis-à-vis de l’oncle Sam un comportement « d’enfants gâtés », c’est-à-dire de demandes non raisonnables écoutées par des parents oubliant leurs bons principes.

...Or Israël est puissant aux États-Unis, et cela est renforcé par la bonne entente entre Donald Trump et Benjamin Nétanyahou. Puissant, non pas du fait du lobby juif américain comme on l’imagine souvent, notamment dans les pays arabes, mais de puissant lobby protestants, vivier électoral des républicains. En effet si les juifs américains sont souvent « à gauche » et votent démocrate comme les autres minorités (je simplifie), ce n’est pas le cas de courants protestants bien plus importants, pour qui le mot « Israël » signifie à la fois un pays et une vision religieuse liée à « la fin des temps ». Pour eux, « soutenir Israël » va dans le sens des injonctions bibliques et est totalement indépendant du problème concret, souvent ignoré par l’Américain moyen. Bref Israël est plus qu’un allié et fait quasiment partie du patrimoine politico–religieux des États-Unis.

L’autre allié local des États-Unis est l’Arabie Saoudite, alliance renforcée également par des liens personnels entre la famille Trump et le prince héritier MBS, que l’on se garde d’accuser du meurtre du journaliste Khassodggi et des coups de fouet aux militantes féministes emprisonnées. La presse américaine est parfaitement au courant, mais ça ne franchit pas les murs de la Maison-Blanche, malgré un deuxième « petit défaut » de ce dit allié, le déluge télévisuel et financier en faveur des wahhabites, donc un discours anti occidental partout dans le monde."

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