... ressources langagières et des locuteurs
Source : Cairn.info
Alexandre Duchêne, Institut de plurilinguisme, Université/HEP de Fribourg (Suisse),
L’objectif de cet article est de mettre en évidence la manière dont le plurilinguisme émerge comme une valeur marchande au sein de la nouvelle économie globalisée. Plus spécifiquement, cet article cherche à explorer les liens entre les structures de marché du néo-libéralisme, mais aussi les idéologies et les pratiques du capitalisme tardif, et les formes de valorisation et de dévalorisation des langues et des locuteurs. Pour ce faire, je m’appuierai sur une ethnographie d’une compagnie de gestion des passagers et des bagages située dans un aéroport international en Suisse. Je montrerai la manière dont ces institutions de pouvoir “exploitent” les compétences langagières de leurs employé-e-s les moins qualifié-e-s à des fins de productivité et de flexibilité. Je mettrai en évidence comment les compétences langagières des migrants en particulier constituent un atout dans les processus de recrutement, mais aussi et surtout comment ces compétences se trouvent utilisées par ces entreprises, sans que les producteurs de ces ressources (à savoir les travailleurs/travailleuses) n’en retirent de bénéfices, que ce soit en termes salarial ou de mobilité professionnelle. Cette étude me conduira à poser l’argument que le plurilinguisme émerge alors comme une composante centrale de la productivité, mais aussi de la flexibilité des espaces de travail. Qu’au lieu d’être diabolisé, le plurilinguisme est fondamentalement reconnu comme un apport pour l’entreprise, mais – et ceci s’avère fondamental – qu’il profite avant tout aux institutions de pouvoir lorsque celles-ci y trouvent un intérêt économique. Pour en savoir plus...