En trois ans, cinq universités ont fermé leur département d’allemand. Le nombre d’étudiants en littérature et civilisation germaniques a chuté de 25 %.
Klaus Wieland, professeur de littérature allemande, face aux 17 étudiants de deuxième année de licence d’allemand de l’Unistra, le 18 octobre 2019. Soazig Le Nevé/Le Monde.
A l’aube de l’an 2000, Klaus Wieland aurait dispensé son cours en amphithéâtre, devant un parterre de 200 étudiants. Il aurait abordé le maître, Goethe, à travers Les Souffrances du jeune Werther, chef-d’œuvre du mouvement littéraire Sturm und Drang (« Tempête et passion »), sous les yeux de jeunes germanistes impatients de transmettre à leur tour cet héritage.
Nous sommes en 2019, et la réalité est bien différente. Dans une petite salle de l’Unistra, à Strasbourg, le cours de littérature allemande du professeur Wieland n’est suivi que par 17 étudiants de deuxième année de licence en littérature, langue et civilisation étrangère (LLCE). « Mon tout dernier amphi remonte à il y a plus de dix ans. L’hémorragie a débuté dans les années 2000, brutalement, avec 40 % d’étudiants en moins. Elle n’a plus cessé depuis », constate l’enseignant. La capitale alsacienne n’a donc rien d’un bastion linguistique pour l’allemand : en première année, seuls 36 étudiants sont inscrits, alors qu’ils étaient encore 63 en 2016.
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A l’échelle nationale, selon les statistiques ministérielles de 2018, la licence LLCE allemand comptait 1 872 étudiants dans 34 universités. En l’espace de trois ans, les effectifs en licence ont chuté de 11 % et en master de 40 %. En une décennie, plus d’une quinzaine de sections universitaires d’allemand se sont éteintes, dont cinq départements ces trois dernières années.