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5 victoires du plurilinguisme

a. Le tout-anglais à l'Instituto Politecnico di Milano invalidé par la justice italienne

Au printemps 2012 l'Institut politecnico di Milano avait décidé de passer ses masters et doctorats tout en anglais au nom de l'internationalisation des études et de la compétitivité des universités italiennes.

Le tribunal administratif de Lombardie a conclu que la qualité des études ne dépend pas de l'adoption de l'anglais comme langue d'enseignement, que l'enseignement dans une seule langue étrangère ne peut être considéré comme une marque d'internationalisation et que cette dernière suppose à minima le non exclusion de la langue nationale comme langue d'enseignement.

Le tribunal a jugé également qu'en obligeant les enseignants à délivrer leur enseignement en anglais, l'Institut Politecnico imposait une contrainte démesurée par rapport à l'objectif recherché et avait porté atteinte à la liberté d'enseigner. Pareillement, le fait de ne pas offrir à tous les étudiants italiens les mêmes enseignements que ceux proposés en une langue étrangère constitue une atteinte au droit d'étudier, droit d'enseigner et droit d'étudier étant des droits constitutionnellement protégés.

b. L'Allemagne s'interroge sur les bienfaits de l'anglicisation de l'enseignement supérieur

Dans la course à l'anglicisation de l'enseignement supérieur, l'Allemagne avait pris quelques longueurs d'avance sur la France et l'Italie, sur la piste suivie depuis des décennies par les pays scandinaves et les Pays-Bas.

En fait, moins de 10% des formations de niveau master sont dispensés en anglais, soit à peine plus qu'en France aujourd'hui.

Pour autant, les universités allemandes prennent conscience des méfaits de cette politique.

La conséquence la plus immédiate est la mauvaise insertion des étudiants étrangers dans l'économie allemande qui, en raison du vieillissement accéléré de sa population, a besoin d'une immigration de haut niveau de qualification. Il est donc nécessaire d'imposer l'apprentissage de l'allemand et de réintroduire l'allemand comme langue d'enseignement dans les formations qui ont été développées 100 % en anglais depuis 10 ans en pure perte.

L'autre raison de donner un coup d'arrêt à l'anglicisation de l'enseignement supérieur et de la recherche est tout simplement la nécessité de sauvegarder la qualité de la recherche en Allemagne. Dans de nombreux domaines de recherche la connaissance de l'allemand est nécessaire. Par ailleurs, si l'on peut à la rigueur publier en anglais afin d'augmenter son nombre de lecteurs, cela ne veut pas dire que la recherche doive nécessairement se faire en anglais. La recherche dans sa propre langue, dès lors que celle-ci demeure capable d'exprimer toute la réalité scientifique, est une condition de la créativité scientifique.

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