Version française dans le Courrier international
Et si le Brexit était l’occasion pour les Européens d’inventer un nouveau langage inspiré de l’anglais, une variante de la langue de Shakespeare parlée uniquement dans l’UE avec sa propre grammaire et ses propres expressions idiomatiques ?
À la veille d’un déplacement professionnel, les fonctionnaires européens disent souvent : “I go on a mission” [je pars en mission], ce qui ne manque pas de faire sourire leurs collègues britanniques. Pour eux, c’est comme si le ou la fonctionnaire en question avait changé de métier pour devenir agent secret. En anglais, “déplacement professionnel” se dit “official trip”. Sinon, on peut dire tout simplement : “I go to Stockholm for work” [je vais à Stockholm pour le travail]. Être “on a mission”, c’est bon pour James Bond.
“Mission” est l’un des quelque 130 termes que Jeremy Gardner, fonctionnaire britannique à la Cour des comptes européenne, a recensés voilà quelques années dans un document intitulé Misused English words and expressions in EU publications [les mésusages de l’anglais dans les publications de l’Union européenne]. Parce que l’anglais parlé dans les institutions européennes nécessite souvent une explication afin que les personnes extérieures (y compris celles dont l’anglais est la langue maternelle) comprennent de quoi il retourne.
L’“eurish”, la lingua franca de l’Europe