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Les mots de l’émotion affichent leur diversité (Le Monde)

Une équipe germano-américaine a cartographié le vocabulaire affectif de près de 2 500 langues. Quelques invariants s’en détachent mais surtout beaucoup de diversité.

Par Publié hier à 11h29, mis à jour à 08h29 - Image Séverin Millet

L’apprentissage des langues peut offrir de grands plaisirs mais aussi plonger dans des abîmes de perplexité. Pourquoi l’anglais distingue-t-il « to like » et « to love » quand le français se contente du seul verbe « aimer » ? Pourquoi les Allemands disposent-ils depuis le Moyen Age de la fameuse « Schadenfreude » que l’anglais a adoptée il y a un siècle, mais que nous peinons à traduire par « joie maligne » ou « malin plaisir » ? Pourquoi Portugais et Brésiliens chantent-ils si facilement la « saudade », mélange de mélancolie, de rêverie et de nostalgie, teinté d’un soupçon de bonheur, sans équivalent à travers le monde ?

A ces questions, linguistes et philologues savent répondre mot par mot, ou langue contre langue, dans des comparaisons précises mais nécessairement limitées. L’effort est louable. Mais pas question dès lors d’utiliser le champ lexical pour tenter de percer cette interrogation qui taraudait déjà Darwin il y a cent cinquante ans : les émotions sont-elles universelles ?

Une équipe internationale, regroupant linguistes et psychologues, chercheurs de l’université de Caroline du Nord, à Chapel Hill, et de l’institut Max Planck d’Iéna (Allemagne), s’est lancée dans une entreprise ambitieuse : établir la plus vaste base de données lexicales au monde pour proposer une réponse aussi générale et étayée que possible à la question du naturaliste anglais. Ses premiers résultats, publiés vendredi 20 décembre, dans la revue Science, offrent un décodage précieux de notre langage affectif.

Un même mot pour deux concepts

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