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Pour une stratégie plurilingue de l'école à l'université

Les récents propos de Mme Pécresse, ministre française de l'enseignement supérieur et de la recherche, en faveur du tout-anglais à l'université, sont très peu cohérents avec la résolution du Conseil des ministres européen de l'éducation du 22 mai 2008. Nous sommes à deux doigts de la propagande et bien loin d'une stratégie raisonnée dans l'esprit d'une société de la connaissance. Nous n'avons pas besoin du tout-anglais dans tous les compartiments de la vie sociale et économique et donc à tous les niveaux de l'enseignement. Nous avons besoin d'une vraie promotion des langues et pas seulement de l'anglais. Cela veut dire d'abord une offre diversifiée de l'école primaire à l'université. La Roumanie mérite d'être citée en exemple : 3 langues sont proposées aux familles à l'école primaire. Et à la sortie de l'Université, il faut maîtriser deux langues vivantes pour avoir son master.

Il faut aussi changer le paradigme de l'enseignement des langues. Cet enseignement reste aujourd'hui conçu sur le mode additif. Apprendre 3 langues, c'est apprendre 3 fois une langue, sans capitalisation des acquis qui devrait fonder une vraie compétence plurilingue. Changer cet état de choses prendra du temps, mais d'intenses recherches ont été menées depuis quinze ans dans ce domaine, notamment autour des idées d'éveil aux langues et d'intercompréhension. Le temps est venu d'en utiliser les résultats pour changer les comportements et le rapport à la langue.

Des objectifs de cette nature au niveau européen impliqueraient efforts et continuité dans l'action de la part des gouvernements nationaux, mais ne sont pas une utopie.

Face à ces perspectives, les tentatives d'imposer l'anglais obligatoire en primaire, quand il atteint déjà en France 90 % de l'offre d'enseignement, révèlent des objectifs troubles qu'il faut décrypter, en tout cas beaucoup de confusion d'esprit. Car l'enseignement de l'anglais obligatoire généralisé dès l'école primaire partout en Europe, c'est une véritable arme de destruction massive des langues européennes. C'est une impasse politique, culturelle et éducative.

L'OEP